dimanche 7 mars 2010

Le droit au Kebab

Après de longues semaines d’absence, me voici de retour! Je ne suis pas resté inactif, puisque j’écris pour le Lausanne Bondy Blog depuis septembre. Je vous encourage à aller y jeter un œil, vous pourrez me lire sur des sujets aussi variés que le Suisse romand, l’addiction aux jeux en ligne, la votation anti-minarets ou les librairies BD à Lausannne.

Aujourd’hui, je veux vous entretenir d’une particularité assez contraignante de la vie en Suisse : les heures d’ouverture des magasins. Quelques semaines après mon arrivée, je me suis retrouvé un samedi devant la porte fermée du Casino… il était 18h15. Cela m’arrive une deuxième, puis une troisième fois, ce qui m’énerve passablement. Après une rapide enquête, j’apprends que je dois m’estimer heureux d’une fermeture à 18h le samedi, car il y a quelques années encore à Lausanne, les grandes surfaces fermaient à 17h.

En semaine, si vous voulez vous approvisionner chez la mère nourricière, la Migros, vous devrez être présent avant 19h, auquel cas vous passerez votre soirée le ventre vide. Il vous reste alors l’option de passer à un magasin de quartier comme une Coop Pronto ; le choix est moindre et les prix sont surtout plus élevés. Ne fondez cependant pas tous vos espoirs dessus : ils ferment tôt également, à 21h ou 22h.

À titre de comparaison, les Colruyts de Belgique sont ouverts jusque 20h, semaine comme samedi. Et lorsque j’habitais en Suède, j’avais un supermarché ouvert 7 jours sur 7 jusque 22h ! J’ai ainsi découvert les courses le dimanche soir, petite révolution.

En Suisse, il faut s’organiser. Pas question de compter faire ses courses à la dernière minute, par exemple aller chercher les aliments qui vous manquent le samedi soir juste avant que les invités n’arrivent… Ceci vaut également pour la restauration : passé une certaine heure, abandonnez tout espoir de trouver une échoppe ouverte pour vous sustenter. En semaine, la plupart des Kebab lausannois ferment à 21h… Le vendredi et samedi soir, certains ont l’audace de rester ouvert jusque 22h ! Miracle ! Passé cette heure, les lausannois ont deux choix : le MacDo de Saint-Laurent et la brasserie du Château.


En Belgique, il est aisé de trouver une friterie ouverte jusque minuit, et un Kebab jusque 2h du matin un samedi. Et si vous avez toujours faim, vous pourrez toujours aller chercher un paquet de chips au paki (ndlr, night shop, généralement tenus par des pakistanais) du coin, ouvert toute la nuit.


Voilà bien une tyrannie ! Comment les villes osent-elles édicter des règlements si contraignants ? Oui, il faut préciser que ces heures de fermeture sont obligatoires pour les restaurateurs. Je sais que les Suisses mangent tôt, mais tout de même… J’estime que pour les habitants des villes, au 21ème siècle, le Kebab est plus qu’un service ; c’est un droit. Il fait partie des choses auxquelles un urbain peut raisonnablement avoir droit, jusqu’à une heure tardive ; cela en compensation de nombreuses nuisances atmosphériques, sonores, visuelles auxquelles il est exposé quotidiennement.

La Suisse conservatrice avec son taux élevé de femmes au foyer explique en partie cet état. Inutile de laisser les supermarchés ouvert tard, puisque madame est supposée faire les achats en journée, tandis que monsieur travaille. Et quand à de la petite restauration rapide, pas question de les ouvrir tard, madame est supposée avoir fait à manger pour monsieur lorsqu’il revient du travail. Le manque généralisé de garderies va dans le même sens (il faut savoir que dans certains cantons de Suisses, le droit de vote des femmes a été accordé en 1990).
Ces heures de fermetures ne sont pas uniquement liées à des règlements, mais également au fait que nos amis les Suisses mangent tôt. Il ne doit probablement pas être très rentable pour un Kebab d’être ouvert après 22h, vu le nombre de personnes que l’on peut croiser en rue.

Toute cette réflexion suscite en moi un tiraillement énorme. D’un côté, une ville ouverte en continu, 24h sur 24, sans rythme, n’est pas souhaitable. Des magasins ouverts plus tard, c’est plus de consommation, et des vendeurs qui ont des horaires encore plus impossibles qu’aujourd’hui. De l’autre côté… j’ai droit au Kebab ! Je veux me battre pour cette liberté fondamentale ! Lève-toi mon frère et rejoins ma cause !

5 commentaires:

  1. Les Brasseurs à Lausanne sont ouverts tard aussi... et tous les jours.

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  2. Et la caissière sous-payée de la Coop ,pour ton droit légitime, elle n'a qu'a rester jusqu'à 22h, au nom de l'égalité.

    Ce n'est pas uniquement à cause du côtà "femme au foyer" mais surtout pour une raison de défense du travailleur que les magasins sont ouverts si peu tard. Cela vient en fait de la Réforme à l'origine, et du désir de pouvoir avoir une vie familiale en limitant les heures possibles de travail de manière à pouvoir voir sa famille de temps à autre.

    Je ne sais pas si t'as des horaires irréguliers, moi j'en ai, et je suis extrêmement heureux que ces horaires soient limités.

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  3. Salut Orabh,
    merci pour ton commentaire, si tu sais lire entre les lignes, je ne suis pas pour une ville ouverte 24h sur 24. Je suis aussi bien conscient que ceux qui profiteraient d'une ouverture des magasins le dimanche par exemple (les patrons de ces magasins) ne souvent pas ceux qui doivent tenir la caisse à ces heures...

    Pour atténuer tout cela, le mieux c'est encore de profiter des filières courtes, marché, paniers paysans, etc... pour être moins soumis à l'horaire du supermarché.

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  4. Désolé si tu l'as mal pris, le premier commentaire se voulait ironique. Mais c'est vrai qu'il manque un " ;) ".

    Après personnellement je suis de toute façon contre une ouverture prolongée, qui va faire que de nombreuses personnes finiront encore plus tard, et auront également besoin de supermarchés ouverts toujours plus tard.

    Quand à l'utilisation de la filière courte, c'est tellement plus pratique et surtout plus humain... Tu l'aurais dit de suite, j'aurais fermé mon clavier :)

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  5. Je dirai à la décharge des orientaux qu'ils savent vivre la nuit. Ce n'est que fort rarement le cas en Suisse où, dès l'apparition du Journal Télévisé, les rues se vident jusqu'au lendemain.

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